Quelle est l'incidence d'une baisse des taux de la Fed sur le marché boursier ? Comment les investisseurs peuvent-ils choisir leurs actions pendant un cycle de baisse des taux ?
Le 18 septembre, la Réserve fédérale américaine a annoncé une première baisse de taux de 50 points de base, ramenant la fourchette cible des fonds fédéraux à 4,75 % – 5,00 %. Il s’agit de la première baisse de taux depuis 2020, marquant le passage officiel de la politique monétaire d’une boucle de resserrement à une ère d’assouplissement. La réduction de 50 points de base a dépassé les attentes du marché, suscitant une attention mondiale des investisseurs.
Une fois la baisse de taux amorcée, les marchés boursiers américains connaîtront-ils une nouvelle vague de marché haussier, ou feront-ils face à de nouveaux défis ? La réponse est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Cet article analysera en profondeur l’impact de la baisse de taux sur le marché boursier sous plusieurs angles, retracera l’évolution des cycles de baisse de la Fed depuis le début du siècle, et explorera quels secteurs et actions sont les plus susceptibles de bénéficier d’un rendement excessif dans un environnement de baisse de taux.
Pourquoi la Fed active-t-elle le moteur de la baisse de taux ?
La décision de la Fed de réduire ses taux implique généralement des préoccupations concernant les perspectives économiques. Quelles sont les véritables raisons de cette baisse ?
Le marché du travail en alerte rouge. Le taux de chômage est passé de 3,80 % en mars 2024 à 4,30 % en juillet, après avoir augmenté pendant quatre mois consécutifs, ce qui a déclenché un signal d’“alerte récession” chez les économistes. Bien qu’en août, il ait légèrement reculé à 4,20 %, la tendance globale reste à la hausse. Ce ralentissement du marché de l’emploi indique généralement un ralentissement de la croissance économique.
Une industrie manufacturière en contraction continue. L’indice PMI manufacturier de l’ISM est en zone de contraction depuis cinq mois consécutifs (inférieur à 50), reflétant une faiblesse notable de l’activité manufacturière. En conséquence, la Fed a revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB pour cette année, de 2,1 % à 2,0 %.
Signaux économiques globaux. Le marché du travail tend vers un état plus souple, la faiblesse des investissements dans le secteur manufacturier, et d’autres indicateurs pointent vers un ralentissement accru de la croissance économique. Sur la base de ces données concrètes, la Fed a adopté une posture dovish, lançant la baisse de taux.
En général, la banque centrale envisage une baisse de taux dans les cas suivants : ralentissement de la croissance économique, augmentation du chômage, baisse généralisée des prix ou apparition de risques de déflation, turbulence sur les marchés financiers ou resserrement du crédit, pressions économiques extérieures, ou en cas de chocs exceptionnels comme une pandémie ou une catastrophe naturelle.
Impact de la baisse de taux sur le marché boursier : pas une logique simple de hausse ou de baisse
Beaucoup d’investisseurs commettent souvent l’erreur de penser que la baisse de taux équivaut à une hausse du marché boursier. En réalité, les données historiques contredisent cette idée simpliste.
Selon une analyse de Goldman Sachs, depuis le milieu des années 1980, la Fed a mis en œuvre 10 cycles de baisse de taux. Parmi eux, 4 ont été associés à une récession, tandis que 6 ne l’ont pas été. La différence clé réside dans le fait que : lorsque la Fed parvient à éviter la récession, le marché boursier a tendance à monter ; lorsque la récession survient comme prévu, le marché baisse généralement. En d’autres termes, la baisse de taux n’est pas en soi un facteur déterminant, mais la capacité de la baisse à prévenir une récession l’est.
Le marché anticipe généralement une “atterrissage en douceur” de l’économie américaine. Cependant, certains analystes mettent en garde contre des risques tels que la hausse des coûts énergétiques, des grèves portuaires potentielles, ou des tensions géopolitiques mondiales, qui pourraient faire dévier l’économie de ses trajectoires prévues.
Comment les acteurs du marché voient-ils cela ? Selon une enquête récente de MLIVPulse, avec la poursuite de la baisse de taux par la Fed, 60 % des répondants sont optimistes quant à la performance des actions américaines au quatrième trimestre, 59 % privilégient les marchés émergents plutôt que les marchés développés, et ils commencent à se détourner des obligations américaines, du dollar et de l’or, considérés comme des actifs refuges traditionnels.
Les vérités sur les quatre cycles de baisse de taux du siècle
Pour comprendre l’environnement actuel de baisse de taux, il est essentiel de revenir sur l’histoire.
2001-2002 : La bulle Internet éclate, la baisse de taux ne suffit pas à tout sauver
Au début de 2001, face à un ralentissement économique et à l’éclatement de la bulle technologique, la Fed a lancé une baisse de taux. Cependant, les prévisions de bénéfices des entreprises ont été revues à la baisse, et les valorisations des valeurs technologiques étaient artificiellement élevées, ce qui a finalement détruit la confiance du marché.
Dans cette crise, le Nasdaq est passé de 5048 points en mars 2000 à 1114 points en octobre 2002, soit une chute de 78 %. Le S&P 500 a chuté de 1520 à 777 points, soit une baisse d’environ 49 %. Même avec la baisse de taux, l’humeur pessimiste sur les perspectives économiques dominait.
2007-2008 : La crise financière dévaste, la baisse de taux a peu d’effet
Entre 2004 et 2006, la Fed a progressivement augmenté ses taux jusqu’à 5,25 % pour faire face à la surchauffe du marché immobilier. Mais en septembre 2007, la crise des subprimes éclate, le système bancaire est gravement touché, et le marché du crédit se fige. La Fed a rapidement commencé à baisser ses taux, mais l’économie était déjà en pleine récession — le taux de chômage grimpe, les faillites d’entreprises se multiplient, la consommation s’effondre.
L’efficacité de la politique de baisse de taux face à cette crise est limitée. Le S&P 500 est passé de 1565 points en octobre 2007 à 676 points en mars 2009, soit une chute de près de 57 %. Le Dow Jones a chuté de 14 164 à 6 547 points, soit une baisse de 54 %.
2019 : La baisse de taux préventive inverse la tendance
Cette fois, c’est différent. En juillet 2019, la Fed a adopté une baisse de taux préventive en réponse au ralentissement mondial et à l’incertitude commerciale, sans attendre que l’économie entre en récession.
Le timing était crucial. La signalisation de la Fed d’un soutien à la croissance a fortement renforcé la confiance des investisseurs. Par ailleurs, les bénéfices des entreprises, notamment dans la tech, sont restés stables, et les négociations commerciales sino-américaines ont progressé.
Résultat : le S&P 500 a augmenté de 29 % sur l’année, passant de 2 507 à 3 230 points ; le Nasdaq a progressé de 35 %, de 6 635 à 8 973 points. La baisse de taux a ainsi déclenché un véritable marché haussier.
2020 : La crise du COVID-19 et la baisse de taux exceptionnelle
La pandémie de COVID-19 a provoqué un arrêt brutal de l’activité économique, le S&P 500 chutant de 3 386 points en février à 2 237 en mars, soit une baisse de 34 %. La Fed a rapidement lancé deux baisses d’urgence en mars, ramenant les taux à 0-0,25 %, et lancé un programme d’assouplissement quantitatif.
Les politiques monétaires et budgétaires massives ont injecté de la liquidité, la pandémie a accéléré la transformation numérique, et les entreprises technologiques en ont profité. Avec la progression des vaccins et l’amélioration des perspectives de reprise, le marché a rebondi rapidement. Le S&P 500 a clôturé l’année à 3 756 points, en hausse de 16 %, et le Nasdaq a gagné 44 %.
Comparaison des performances boursières lors des cycles de baisse de taux
Le tableau ci-dessous montre clairement la performance du marché boursier et l’évolution économique dans les 12 mois suivant le début de chaque cycle de baisse de taux :
Année
Début de la baisse
Niveau initial du S&P
Variation sur 12 mois
Croissance du PIB
2001
Janvier
1283 points
-17 %
De 1 % à -0,3 %
2007
Septembre
1476 points
-42 %
De 1,9 % à -0,1 %
2019
Juillet
2980 points
+8 %
Stable à 2,2 %
2020
Mars
3090 points
+16 %
De 2,3 % à -3,5 %
La logique derrière ce tableau est que : la baisse de taux ne peut pas à elle seule inverser une récession, mais une baisse de taux préventive précise, combinée à des bénéfices d’entreprises stables, peut déclencher un marché haussier.
Quels secteurs profitent le plus lors des cycles de baisse de taux ?
Les performances sectorielles varient considérablement en environnement de baisse de taux. Les investisseurs doivent adapter leur stratégie à leur tolérance au risque.
Les Valeurs technologiques : grands bénéficiaires de la baisse de taux. Les données historiques montrent que les valeurs technologiques sont les plus performantes lors des cycles de baisse de taux. Un environnement de taux bas augmente la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs des entreprises technologiques, tout en réduisant considérablement leurs coûts de financement, ce qui leur permet d’investir davantage en R&D et en expansion.
En 2019, lors du cycle de baisse de taux, les valeurs technologiques ont progressé de 25 % ; en 2020, elles ont encore augmenté de 50 %. En revanche, en 2001 et 2007, en raison de la récession, ces valeurs ont reculé respectivement de 5 % et 25 %.
Le secteur financier : pression à court terme, potentiel à long terme dépendant de l’économie. Lors des premières phases de baisse, les marges d’intérêt net des banques se resserrent, leur rentabilité diminue, et les valeurs financières sous-perforent. Mais avec la reprise économique, elles peuvent rebondir. Lors de la récession de 2007, ces valeurs ont chuté de 40 %, mais en 2019, elles ont augmenté de 15 %.
Les secteurs de la consommation et de la santé : croissance stable. La santé et la consommation discrétionnaire ont tendance à afficher une croissance stable après une baisse de taux. La hausse des dépenses des consommateurs et l’activité d’investissement profitent à ces secteurs, qui ont rarement connu de fortes baisses.
Le secteur de l’énergie : très incertain. La demande en énergie est stimulée par la croissance économique, mais la volatilité des prix du pétrole et les tensions géopolitiques rendent la performance de ce secteur très variable.
Performance sectorielle dans les 12 mois suivant la baisse de taux
Secteur
2001
2007-2008
2019
2020
Tech
-5 %
-25 %
25 %
50 %
Financier
8 %
-40 %
15 %
10 %
Santé
10 %
-12 %
12 %
25 %
Consommation non essentielle
4 %
-28 %
18 %
40 %
Énergie
9 %
-20 %
5 %
-5 %
Conseil d’investissement : En période de récession, privilégier la prudence ; lors d’une baisse de taux préventive avec des bénéfices stables, les valeurs technologiques et de consommation sont les principales gagnantes.
Fenêtres d’observation clés pour 2024
La Fed a déjà réduit ses taux de 50 points de base le 18 septembre. Quel sera le rythme des prochaines baisses ?
Selon le calendrier du FOMC(, il reste deux réunions importantes en 2024 : le 7 novembre et le 18 décembre. Le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué le 30 septembre que la Fed “n’est pas pressée de réduire rapidement les taux”, mais pourrait encore baisser deux fois cette année, pour un total de 50 points de base.
Prévisions du marché : la Fed devrait réduire ses taux de 25 points de base en novembre et décembre. Cela ramènerait le taux des fonds fédéraux à une fourchette de 4,25 % – 4,50 % d’ici la fin de 2024.
Les investisseurs doivent suivre de près les données économiques avant ces réunions, notamment le taux de chômage, l’inflation et les indicateurs manufacturiers, car ils influenceront directement la décision de la Fed de baisser ou non ses taux.
La double facette de la baisse de taux : avantages et risques
Les bénéfices économiques de la baisse de taux sont évidents : coûts d’emprunt plus faibles, plus grande propension des consommateurs et des entreprises à emprunter, stimulation de la consommation et de l’investissement. Les coûts d’achat immobilier ou de véhicules diminuent, ce qui stimule la demande. La réduction de la charge d’intérêt des ménages et des entreprises endettés améliore leur flux de trésorerie. La baisse des taux injecte de la liquidité dans le système financier, réduisant le risque de crise.
Mais la baisse de taux comporte aussi des risques. Un excès d’assouplissement peut entraîner une surchauffe de la consommation et de l’investissement, alimentant l’inflation. Elle peut aussi gonfler les bulles d’actifs, qui, en éclatant, provoqueraient une crise financière. Enfin, une baisse prolongée encourage l’endettement excessif des ménages et des entreprises, fragilisant le système financier.
Les investisseurs doivent profiter de la liquidité accrue tout en restant vigilants face aux risques systémiques cachés.
Voir l'original
Cette page peut inclure du contenu de tiers fourni à des fins d'information uniquement. Gate ne garantit ni l'exactitude ni la validité de ces contenus, n’endosse pas les opinions exprimées, et ne fournit aucun conseil financier ou professionnel à travers ces informations. Voir la section Avertissement pour plus de détails.
Quelle est l'incidence d'une baisse des taux de la Fed sur le marché boursier ? Comment les investisseurs peuvent-ils choisir leurs actions pendant un cycle de baisse des taux ?
Le 18 septembre, la Réserve fédérale américaine a annoncé une première baisse de taux de 50 points de base, ramenant la fourchette cible des fonds fédéraux à 4,75 % – 5,00 %. Il s’agit de la première baisse de taux depuis 2020, marquant le passage officiel de la politique monétaire d’une boucle de resserrement à une ère d’assouplissement. La réduction de 50 points de base a dépassé les attentes du marché, suscitant une attention mondiale des investisseurs.
Une fois la baisse de taux amorcée, les marchés boursiers américains connaîtront-ils une nouvelle vague de marché haussier, ou feront-ils face à de nouveaux défis ? La réponse est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Cet article analysera en profondeur l’impact de la baisse de taux sur le marché boursier sous plusieurs angles, retracera l’évolution des cycles de baisse de la Fed depuis le début du siècle, et explorera quels secteurs et actions sont les plus susceptibles de bénéficier d’un rendement excessif dans un environnement de baisse de taux.
Pourquoi la Fed active-t-elle le moteur de la baisse de taux ?
La décision de la Fed de réduire ses taux implique généralement des préoccupations concernant les perspectives économiques. Quelles sont les véritables raisons de cette baisse ?
Le marché du travail en alerte rouge. Le taux de chômage est passé de 3,80 % en mars 2024 à 4,30 % en juillet, après avoir augmenté pendant quatre mois consécutifs, ce qui a déclenché un signal d’“alerte récession” chez les économistes. Bien qu’en août, il ait légèrement reculé à 4,20 %, la tendance globale reste à la hausse. Ce ralentissement du marché de l’emploi indique généralement un ralentissement de la croissance économique.
Une industrie manufacturière en contraction continue. L’indice PMI manufacturier de l’ISM est en zone de contraction depuis cinq mois consécutifs (inférieur à 50), reflétant une faiblesse notable de l’activité manufacturière. En conséquence, la Fed a revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB pour cette année, de 2,1 % à 2,0 %.
Signaux économiques globaux. Le marché du travail tend vers un état plus souple, la faiblesse des investissements dans le secteur manufacturier, et d’autres indicateurs pointent vers un ralentissement accru de la croissance économique. Sur la base de ces données concrètes, la Fed a adopté une posture dovish, lançant la baisse de taux.
En général, la banque centrale envisage une baisse de taux dans les cas suivants : ralentissement de la croissance économique, augmentation du chômage, baisse généralisée des prix ou apparition de risques de déflation, turbulence sur les marchés financiers ou resserrement du crédit, pressions économiques extérieures, ou en cas de chocs exceptionnels comme une pandémie ou une catastrophe naturelle.
Impact de la baisse de taux sur le marché boursier : pas une logique simple de hausse ou de baisse
Beaucoup d’investisseurs commettent souvent l’erreur de penser que la baisse de taux équivaut à une hausse du marché boursier. En réalité, les données historiques contredisent cette idée simpliste.
Selon une analyse de Goldman Sachs, depuis le milieu des années 1980, la Fed a mis en œuvre 10 cycles de baisse de taux. Parmi eux, 4 ont été associés à une récession, tandis que 6 ne l’ont pas été. La différence clé réside dans le fait que : lorsque la Fed parvient à éviter la récession, le marché boursier a tendance à monter ; lorsque la récession survient comme prévu, le marché baisse généralement. En d’autres termes, la baisse de taux n’est pas en soi un facteur déterminant, mais la capacité de la baisse à prévenir une récession l’est.
Le marché anticipe généralement une “atterrissage en douceur” de l’économie américaine. Cependant, certains analystes mettent en garde contre des risques tels que la hausse des coûts énergétiques, des grèves portuaires potentielles, ou des tensions géopolitiques mondiales, qui pourraient faire dévier l’économie de ses trajectoires prévues.
Comment les acteurs du marché voient-ils cela ? Selon une enquête récente de MLIVPulse, avec la poursuite de la baisse de taux par la Fed, 60 % des répondants sont optimistes quant à la performance des actions américaines au quatrième trimestre, 59 % privilégient les marchés émergents plutôt que les marchés développés, et ils commencent à se détourner des obligations américaines, du dollar et de l’or, considérés comme des actifs refuges traditionnels.
Les vérités sur les quatre cycles de baisse de taux du siècle
Pour comprendre l’environnement actuel de baisse de taux, il est essentiel de revenir sur l’histoire.
2001-2002 : La bulle Internet éclate, la baisse de taux ne suffit pas à tout sauver
Au début de 2001, face à un ralentissement économique et à l’éclatement de la bulle technologique, la Fed a lancé une baisse de taux. Cependant, les prévisions de bénéfices des entreprises ont été revues à la baisse, et les valorisations des valeurs technologiques étaient artificiellement élevées, ce qui a finalement détruit la confiance du marché.
Dans cette crise, le Nasdaq est passé de 5048 points en mars 2000 à 1114 points en octobre 2002, soit une chute de 78 %. Le S&P 500 a chuté de 1520 à 777 points, soit une baisse d’environ 49 %. Même avec la baisse de taux, l’humeur pessimiste sur les perspectives économiques dominait.
2007-2008 : La crise financière dévaste, la baisse de taux a peu d’effet
Entre 2004 et 2006, la Fed a progressivement augmenté ses taux jusqu’à 5,25 % pour faire face à la surchauffe du marché immobilier. Mais en septembre 2007, la crise des subprimes éclate, le système bancaire est gravement touché, et le marché du crédit se fige. La Fed a rapidement commencé à baisser ses taux, mais l’économie était déjà en pleine récession — le taux de chômage grimpe, les faillites d’entreprises se multiplient, la consommation s’effondre.
L’efficacité de la politique de baisse de taux face à cette crise est limitée. Le S&P 500 est passé de 1565 points en octobre 2007 à 676 points en mars 2009, soit une chute de près de 57 %. Le Dow Jones a chuté de 14 164 à 6 547 points, soit une baisse de 54 %.
2019 : La baisse de taux préventive inverse la tendance
Cette fois, c’est différent. En juillet 2019, la Fed a adopté une baisse de taux préventive en réponse au ralentissement mondial et à l’incertitude commerciale, sans attendre que l’économie entre en récession.
Le timing était crucial. La signalisation de la Fed d’un soutien à la croissance a fortement renforcé la confiance des investisseurs. Par ailleurs, les bénéfices des entreprises, notamment dans la tech, sont restés stables, et les négociations commerciales sino-américaines ont progressé.
Résultat : le S&P 500 a augmenté de 29 % sur l’année, passant de 2 507 à 3 230 points ; le Nasdaq a progressé de 35 %, de 6 635 à 8 973 points. La baisse de taux a ainsi déclenché un véritable marché haussier.
2020 : La crise du COVID-19 et la baisse de taux exceptionnelle
La pandémie de COVID-19 a provoqué un arrêt brutal de l’activité économique, le S&P 500 chutant de 3 386 points en février à 2 237 en mars, soit une baisse de 34 %. La Fed a rapidement lancé deux baisses d’urgence en mars, ramenant les taux à 0-0,25 %, et lancé un programme d’assouplissement quantitatif.
Les politiques monétaires et budgétaires massives ont injecté de la liquidité, la pandémie a accéléré la transformation numérique, et les entreprises technologiques en ont profité. Avec la progression des vaccins et l’amélioration des perspectives de reprise, le marché a rebondi rapidement. Le S&P 500 a clôturé l’année à 3 756 points, en hausse de 16 %, et le Nasdaq a gagné 44 %.
Comparaison des performances boursières lors des cycles de baisse de taux
Le tableau ci-dessous montre clairement la performance du marché boursier et l’évolution économique dans les 12 mois suivant le début de chaque cycle de baisse de taux :
La logique derrière ce tableau est que : la baisse de taux ne peut pas à elle seule inverser une récession, mais une baisse de taux préventive précise, combinée à des bénéfices d’entreprises stables, peut déclencher un marché haussier.
Quels secteurs profitent le plus lors des cycles de baisse de taux ?
Les performances sectorielles varient considérablement en environnement de baisse de taux. Les investisseurs doivent adapter leur stratégie à leur tolérance au risque.
Les Valeurs technologiques : grands bénéficiaires de la baisse de taux. Les données historiques montrent que les valeurs technologiques sont les plus performantes lors des cycles de baisse de taux. Un environnement de taux bas augmente la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs des entreprises technologiques, tout en réduisant considérablement leurs coûts de financement, ce qui leur permet d’investir davantage en R&D et en expansion.
En 2019, lors du cycle de baisse de taux, les valeurs technologiques ont progressé de 25 % ; en 2020, elles ont encore augmenté de 50 %. En revanche, en 2001 et 2007, en raison de la récession, ces valeurs ont reculé respectivement de 5 % et 25 %.
Le secteur financier : pression à court terme, potentiel à long terme dépendant de l’économie. Lors des premières phases de baisse, les marges d’intérêt net des banques se resserrent, leur rentabilité diminue, et les valeurs financières sous-perforent. Mais avec la reprise économique, elles peuvent rebondir. Lors de la récession de 2007, ces valeurs ont chuté de 40 %, mais en 2019, elles ont augmenté de 15 %.
Les secteurs de la consommation et de la santé : croissance stable. La santé et la consommation discrétionnaire ont tendance à afficher une croissance stable après une baisse de taux. La hausse des dépenses des consommateurs et l’activité d’investissement profitent à ces secteurs, qui ont rarement connu de fortes baisses.
Le secteur de l’énergie : très incertain. La demande en énergie est stimulée par la croissance économique, mais la volatilité des prix du pétrole et les tensions géopolitiques rendent la performance de ce secteur très variable.
Performance sectorielle dans les 12 mois suivant la baisse de taux
Conseil d’investissement : En période de récession, privilégier la prudence ; lors d’une baisse de taux préventive avec des bénéfices stables, les valeurs technologiques et de consommation sont les principales gagnantes.
Fenêtres d’observation clés pour 2024
La Fed a déjà réduit ses taux de 50 points de base le 18 septembre. Quel sera le rythme des prochaines baisses ?
Selon le calendrier du FOMC(, il reste deux réunions importantes en 2024 : le 7 novembre et le 18 décembre. Le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué le 30 septembre que la Fed “n’est pas pressée de réduire rapidement les taux”, mais pourrait encore baisser deux fois cette année, pour un total de 50 points de base.
Prévisions du marché : la Fed devrait réduire ses taux de 25 points de base en novembre et décembre. Cela ramènerait le taux des fonds fédéraux à une fourchette de 4,25 % – 4,50 % d’ici la fin de 2024.
Les investisseurs doivent suivre de près les données économiques avant ces réunions, notamment le taux de chômage, l’inflation et les indicateurs manufacturiers, car ils influenceront directement la décision de la Fed de baisser ou non ses taux.
La double facette de la baisse de taux : avantages et risques
Les bénéfices économiques de la baisse de taux sont évidents : coûts d’emprunt plus faibles, plus grande propension des consommateurs et des entreprises à emprunter, stimulation de la consommation et de l’investissement. Les coûts d’achat immobilier ou de véhicules diminuent, ce qui stimule la demande. La réduction de la charge d’intérêt des ménages et des entreprises endettés améliore leur flux de trésorerie. La baisse des taux injecte de la liquidité dans le système financier, réduisant le risque de crise.
Mais la baisse de taux comporte aussi des risques. Un excès d’assouplissement peut entraîner une surchauffe de la consommation et de l’investissement, alimentant l’inflation. Elle peut aussi gonfler les bulles d’actifs, qui, en éclatant, provoqueraient une crise financière. Enfin, une baisse prolongée encourage l’endettement excessif des ménages et des entreprises, fragilisant le système financier.
Les investisseurs doivent profiter de la liquidité accrue tout en restant vigilants face aux risques systémiques cachés.